Page:Sand - Les Don Juan de village.pdf/60

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pas du tout, c’te clef… Pourvu que le père… (Il va du côté du cabaret.) Non, il cause là-bas avec la Jeanne, il peut pas me voir. (Regardant la clef.) Mais nom de nom ! c’est ça la clef du logis au Jean, il s’est trompé. Ce que c’est pourtant ! on a beau être le premier des malins, on sait pas toujours ce qu’on fait. Un supposé que… qu’est-ce qui m’aurait dit ça, que c’te enfant en tiendrait pour moi ? faut-il qu’elle soit folle ! Mais c’est si simple, la jeunesse ! Ça croit tout possible ! V’la d’un côté la Gervaise qui croit que le Jean… et la Mariette d’autre part… Ah bon, oui ! des mariages à nous autres ! une enfant de quinze ans, à moi !… C’est des femmes d’esprit qu’il me faut ! C’est bien vrai que, par des fois, elles sont terribles. Ah ! qu’elles sont terribles, les femmes d’esprit ! Au lieur qu’une jeunesse… C’est drôle qu’elle m’a vu à la Berthenoux et que, moi, je ne l’ai pas reconnue ! Et si pourtant, je l’ai vue ! Oh ! je l’ai ben vue quand elle a ouvert la fenêtre ! Je me remets la chose à présent ! Et mêmement que j’ai dit à Boursoufflé — c’était Boursoufflé qu’était avec moi ! — j’y ai dit comme ça : « V’la une jolie fille ! nom d’un nom ! c’te fillette-là fera une belle femme ! » Mais, après, on a été boire… Ah bah ! j’y aurais du regret, que ça servirait de rien, puisque le Jean dit que c’est trop tard. Mais, en attendant, c’est pas ça la clef, et je sais pas quoi faire. Faut croire que la Gervaise prend patience là dedans ? Quel pétrin quand la Jeanne la trouvera là ! Je vas frapper tout doucement. (Il frappe.) On ne répond pas. Si j’enfonçais la porte ? (Il pousse la porte.) Ah ! diable ! elle tient bon ! (Il pousse encore la porte avec son épaule. Mariette paraît au-dessus du mur.)




Scène VII.


BLANCHON, MARIETTE.


MARIETTE, ans l’enclos.

Eh ben, qu’est-ce que vous faites donc là, vous ?

BLANCHON.

Ah ! nom de… ! c’est la Mariette !