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c’est des étalages inutiles, et vous auriez aussi bien fait de rester chez vous.

JEANNE.

Je ne me repens pas d’être venue, Jean… Je connais votre morale, à présent, et celle que vous enseignez à vos amis.

BLANCHON.

Ça, c’est pour moi.

JEANNE.

Oui, c’est pour vous, qui, au lieu de vous garder honnête pour votre bonheur, avez trouvé plus glorieux de devenir le flatteur, le singe et la copie de Jean Robin.

BLANCHON, à Jean.

Copie, moi ? V’là que je suis traité de copie !

JEAN.

Allons, Jeanne, apaisez-vous ! Que diable ! qu’est-ce qui vous dit que je n’avais pas l’intention… ? (Il s’arrête. )

JEANNE.

D’épouser la Gervaise ? Vous n’osez pas mentir tant que ça devant les autres… c’est à des jeunesses comme elle qu’on fait croire au mariage. Mais j’ai bien compris votre manière, allez ! vous voulez gagner la preuve de l’amour avant de donner celle de l’honneur. Continuez vos amusements… ni votre sœur ni moi n’en serons plus les témoins… C’est la dernière fois que nous venons ici, et vous pouvez vendre cette maison-là. Si elle n’a pas déjà été avilie, elle le sera un jour ou l’autre, et l’âme de votre mère l’a quittée aujourd’hui en y voyant entrer la pauvre GerVaise ! (Elle sort.)




Scène XI.


JEAN, BLANCHON, puis TOINET.


JEAN.

C’est ça ! votre mère, votre sœur, votre âme, et le bon Dieu ! et le diable !… est-ce que je sais ? En voilà des menaces et des