Page:Sand - Les Don Juan de village.pdf/9

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GERMINET.

Garde champêtre, mon ami, je peux pas vous dire que ça va bien quand ça va pas bien, et faudrait pas me prier beaucoup pour me faire fermer mon cabaret.

PIOTTON.

C’est qu’il ne va plus que d’une aile, votre bouchon, du depuis que la bande aux saccageux s’est adonnée-z-à l’auberge de la Roulotte.

GERMINET, avec mépris.

Parce que la Roulotte est une femme sans cœur, une effrontée qui vend la bière et le café.

PIOTTON.

Et de la mauvaise liqueur, de la fausse cognac, un tas de couleurs qui fait mépriser le vrai petit vin du pays et la vieille eau de coing si souveraine à l’estomaque.

TOINET, touchant la bouteille.

En souhaitez-vous encore une goutte, monsieur Piotton ?

PIOTTON.

Non, petit ! c’est assez d’une ; il ne faut point qu’un garde champêtre se pique le nez, surtout z’un jour de fête patronale. Heureusement, aujourd’hui, il n’y aura pas grand bruit dans nos murs ! Ces jeunes libertins ont été faire la conduite à leur camarade Pochet.

GERMINET.

Celui qui s’est vendu comme remplaçant ?

PIOTTON.

Et qui, au lieur de payer ses dettes avec l’argent de son bourgeois, a mangé le tout avec les autres bandits et les femmes d’inconséquence. (Gervaise sort du cabaret.)

GERMINET.

Oui, et à l’auberge de la Roulotte encore !