Page:Sand - Les Maitres sonneurs.djvu/271

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Brulet, pour qu’il eût fiance en ses paroles, au sujet de la pension.

— Je ne l’avais jamais vu, dit-il ; mais je sais qu’il est venu plusieurs fois dans les environs, et qu’il est connu de gens dont je suis sûr, et qui m’avaient déjà annoncé de sa part, il y a deux ou trois jours, l’affaire dont il me voulait parler. D’ailleurs, une année de la pension est payée par avance, et quand l’argent manquera, il sera temps de s’en tourmenter.

— À la bonne heure, mon oncle ; vous savez ce que vous avez à faire ; mais je ne me serais pas attendu à voir ma cousine, qui aime tant sa liberté, s’embarrasser d’un marmot qui ne lui est de rien, et qui, sans vous offenser par conséquent, n’est pas bien gentil dans son apparence.

— Voilà ce qui me fâche, dit Brulette, et ce que j’étais en train de dire à mon père quand tu es entré céans. — Et elle ajouta, en frottant le bec du petit avec son mouchoir : — J’ai beau l’essuyer, il n’en a pas la bouche mieux fendue, et j’aurais pourtant souhaité faire mon apprentissage avec un enfant agréable à caresser. Celui-ci paraît de mauvaise humeur et ne répond à aucune risée. Il ne regarde que la mangeaille.

— Bah ! dit le père Brulet, il n’est pas plus vilain qu’un autre enfant de son âge, et quant à devenir mignon, c’est ton affaire. Il est fatigué d’avoir voyagé et ne sait point où il en est, ni ce qu’on lui veut.

Le père Brulet étant sorti pour aller chercher son couteau, qu’il avait laissé chez la voisine, je commençai à m’étonner davantage en me trouvant seul avec Brulette. Elle paraissait contrariée par moments, et même peinée pour tout de bon.

— Ce qui me tourmente, dit-elle, c’est que je ne sais point soigner un enfant. Je ne voudrais pas laisser souffrir une pauvre créature qui ne se peut aider en rien ; mais je m’y trouve si maladroite, que