Page:Sand - Les Sept Cordes de la lyre.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
113
les sept cordes de la lyre

moulin fermait la pelle de l’écluse… Il y a peu de temps, je n’aurais pas hésité un seul instant à constater l’explication grossière de ce fait en apparence surnaturel ; aujourd’hui, je me complais dans le doute, et je crains d’éclaircir le mystère. Est-ce qu’à force de contempler la face auguste de la vérité, l’esprit mobile et frivole de l’homme s’en lasserait ? Ah ! sans doute, quand ce moment arrive pour un esprit méditatif, il doit s’épouvanter ; car ce moment marque sa décadence et son épuisement.




Scène III. — MÉPHISTOPHÉLÈS, sortant des saules ; ALBERTUS.


Méphistophélès. Si le meunier avait baissé la pelle de l’écluse juste au moment où Hélène prononçait les paroles sacramentelles, la coïncidence fortuite serait un prodige beaucoup plus étonnant que le fait naturel dont vous avez été témoin.

Albertus. Encore ce juif ! Il me suit comme mon ombre ; que le soleil se montre ou que la lune se lève, il est sur mes talons… Maître Jonathas, vous prenez beaucoup d’intérêt, ce me semble, aux perplexités de mon esprit.

Méphistophélès. Maître Albertus, je m’intéresse à toutes choses et ne m’étonne d’aucune.

Albertus. Vous êtes plus avancé que moi.

Méphistophélès. Beaucoup plus avancé, sans aucun doute, car vous ne l’êtes guère. Vous n’avez donc jamais ouï constater par les savants le rapport qui existe entre le son et le mouvement de certains corps ? Vous n’avez point assisté aux cours d’un sa-