Le premier bourgeois. Ah ! c’était pourtant joli, très-joli !
Le troisième bourgeois. Ils ont peut-être inventé quelque machine à musique qu’ils ont fourrée dans le corps de la statue pour qu’elle ait l’air de jouer de la trompette. Je parie que cela va sonner à toutes les heures, comme l’horloge de Jean de Nivelle.
Le second bourgeois. Ou bien seulement au coup de midi… Quelle heure est-il ?
Le premier bourgeois. Il est certain qu’il y avait quelque chose de blanc aux pieds de la statue.
Le troisième bourgeois. C’est cela ! c’était un cadran !
Le premier bourgeois. C’est égal, je vais voir ce qu’il en est. Je connais le concierge des tours ; il me laissera monter.
Le troisième bourgeois. Eh bien, j’y vais aussi. (Ils s’éloignent tous deux.)
La dame. Moi, je vais raconter à toute la ville ce que j’ai entendu. (Elle s’éloigne.)
Le second bourgeois, d’un air capable, croisant ses bras sur son tablier. Croirait-on qu’au jour d’aujourd’hui il y a encore tant de gens superstitieux ?… Ah ! voilà maître Albertus qui vient par ici. C’est un homme que je n’aime pas à rencontrer. Il vous regarde d’une drôle de manière, et il se passe dans sa maison des choses auxquelles le diable ne comprend goutte. Oh ! le juif Jonathas Taer qui vient derrière lui !… Pour le coup, je m’en vais à la maison. Je n’aime pas du tout les gens qui courent les rues après leur mort. (Il s’enfuit.)