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LES
FLEURS DE MAI



Belles fleurs de mai, orgueil et jeunesse de la terre, je ne vous aime plus, vous que j’ai tant aimées ! Vos parfums ne m’enivrent plus ; les brises qui vous caressent ne réveillent plus l’ange de ma poésie, qui reposait naguère au fond de vos riants calices. Gardez-le parmi vous, cet ange trop jeune qui ne me connaît plus ! qu’il consacre avec vous, dans le secret des nuits printanières, ces divins hyménées que je savais surprendre et chanter autrefois ; initiez quelque autre enfant des hommes à vos chastes mystères. Mon esprit a perdu sa candeur ; la sainte ignorance du poëte n’habite plus avec moi. Belles fleurs de mai, je ne vous aime plus, vous que j’ai tant aimées !

Jacinthe blanche au cœur vert, toi qui me parus un symbole d’espérance et de pureté, et qui me fis verser des larmes sur ma colère, je ne t’ai point oubliée ! tu naquis et mourus pour moi seul ; tu fus pour moi plus qu’une fleur, plus qu’un ami, tu fus le mystérieux langage de Dieu. Tu me parlas pendant trois nuits, et tu m’enseignas des choses que je ne savais pas. Mais tes sœurs fleurissent loin de moi, et