albertus. Comme au moyen âge ? cela ne se voit plus. Vous êtes le dernier de cette race.
méphistophélès. Je suis de mon siècle beaucoup plus que vous-même, mon respectable maître. Je suis à la fois adepte de la raison pure et partisan du magnétisme ; je suis spiritualiste-spinosiste ; je ne rejette rien, j’examine tout, je choisis ce qui m’est le plus facile à pratiquer. Je vois les choses de haut, car je suis un peu sceptique. Je suis, d’ailleurs, très-sympathique à toutes les idées nouvelles et à toutes les anciennes. En un mot, je suis éclectique, c’est-à-dire que je crois à tout, à force de ne croire à rien.
albertus. Si vous plaisantez, du moins vous vous moquez de vous-même avec beaucoup d’esprit.
méphistophélès. vous me trouvez un peu fou, mon bon monsieur. Prenez garde, vous, d’être un peu trop sage. J’ai beaucoup suivi vos cours depuis quelque temps : quoique, perdu dans la foule, je n’aie jamais cherché à attirer vos regards, je suis peut-être le seul homme qui vous ait compris et qui vous connaisse bien.
albertus. Vous, monsieur !
méphistophélès. Sans doute ! je sais que vous êtes précisément le contraire de moi. Vous ne croyez à rien, à force de croire à tout. Allons ! je ne veux pas vous déranger plus longtemps ; je vous laisse ces papiers, je présume que vous les lirez avec plaisir : vous connaissez le caractère arabe, et plus vous examinerez ces choses, plus vous y prendrez goût.
albertus. Mais je ne puis vous les acheter…
méphistophélès. Je vous les prête ; je serai toujours à temps de m’en défaire. Je ne vous demande pour payement que la faveur de venir causer quelque-