Page:Sand - Lettres a Alfred de Musset et a Sainte-Beuve.djvu/146

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

J’approuve tout à fait ton idée relativement à nos lettres. Il m’eût été fort amer de te rendre les tiennes, et si je pouvais croire que les miennes ont le même prix à tes yeux, je ne te les réclamerais pas. Mais tout cela est bien différent. N’importe. Tes lettres sont à la Châtre, chez une femme qui m’est dévouée[1] et qui croit avoir des bijoux en dépôt dans une cassette. Ces lettres sont cachetées et portent ta suscription. Je ne les ai jamais relues sans les recacheter aussitôt après et sans les replacer dans cet asile sûr et inviolable. Je ne les croirais pas assez bien gardées chez moi. La mort vous surprend à toute heure, et on ne sait quelle main ouvre vos tiroirs dès que vous avez fermé l’œil. Je puis donc être mieux que toi le gardien de ce double dépôt. En même temps que je le scellerai, je te donnerai l’adresse et le nom de la femme à qui tu dois le réclamer, si, comme il est probable, je pars la première pour le grand voyage.

Avant tout, je t’enverrai tes lettres dès que je serai au pays, afin que tu en retran-

  1. Certainement Ursule Josse, femme d’un cordonnier et amie d’enfance de George Sand, qui parle beaucoup d’elle dans l’Histoire de sa vie.