Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ni amant ! Vous êtes médecin, vous, et vous ne devez pas refuser une consultation.

— On ne me la demande pas.

— Si fait. Ce matin, elle ne s’y refuse plus.

— En ce cas, dites à madame que j’attends ses ordres.

Dolorès vit que je me méfiais d’elle, elle sortit et revint au bout d’un instant avec ce billet de Manuela : « Prière au docteur de venir me voir. »

Je serrai le billet pour le montrer au besoin à sir Richard. Je ne sais ce que je craignais de la part de la duègne.

Je trouvai Manuela plus pâle que de coutume, enveloppée de son peignoir de cachemire blanc, les cheveux à peine noués ; elle était vraiment séduisante avec son air abattu et ses yeux chargés de langueur.

Je me livrai résolument aux périls de l’auscultation. Le médecin sauva le jeune homme, je fus attentif et lucide, je constatai un commencement apparent d’hypertrophie du cœur. Je défendis la danse, je prescrivis un régime, je me retirai en disant que ce n’était rien, et qu’il fallait cependant m’obéir.

Une heure après, je vis revenir chez moi la Dolorès.