Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/188

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pas le droit de conseil et vous eussiez pu m’épargner des révélations que la délicatesse m’oblige à lui communiquer, s’il me questionne.

— Dites-lui tout ! s’écria la Dolorès. Si je l’avais osé, il y a longtemps que je lui aurais parlé comme je vous parle, car, je le vois bien, il faut que le sort de Manuela soit changé ou qu’elle meure.

Là-dessus, Dolorès fit une sortie dramatique et je restai fort embarrassé de mon rôle, il était des plus délicats et compliqué d’un intérêt personnel que je ne pouvais plus me dissimuler. La Dolorès, avec un cynisme caché sous son emphase naturelle, avait mis le doigt sur la plaie du futur ménage. La fiancée avait trop attendu pour ne point arriver à explosion, le fiancé avait trop dompté les dangers de l’intimité pour retrouver la passion nécessaire à une union aussi disproportionnée.