Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/209

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— On la demande beaucoup ; elle a refusé les meilleurs partis.

— Comme cela est singulier ! La musique ! on peut aimer la musique plus que l’amour ! je n’aurais pas cru cela, je ne comprends pas… Elle est dévote peut-être ? elle veut être religieuse ?

— Pas du tout.

— Vous n’avez pas d’autre sœur ?

— Non.

— Et vous la laissez libre de vieillir sans famille ?

— Nous devons respecter sa volonté, parce qu’en elle tout est respectable.

— Et elle ne serait plus respectable, si elle aimait un homme excellent et charmant, un homme de mérite comme Richard ? vous l’en empêcheriez ?

— Oui ; car ce serait une déviation du sens naturel, le caprice d’un esprit malade.

— Mais pourquoi ? pourquoi ? il faut me dire pourquoi !

— Parce que le but du mariage pour une femme jeune, c’est la maternité.

— Ah ! cela !… dit Manuela en portant la main à son cœur comme si elle eût éprouvé un déchirement… Oui, oui, je ne peux pas parler de cela ! je n’ai jamais osé y songer. Une fois j’y ai pensé passionnément, je