Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/242

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— Mais je suis guérie, me dit-elle avec un sourire languissant qui m’effraya. Je ne sens plus aucun mal, il n’y a plus de place en moi que pour le bonheur. Quel médecin es-tu, si tu ne vois pas que je n’existe plus que pour aimer ? Pourquoi es-tu triste ? Est-ce que tu crois que Richard nous en veut ? Tu ne le connais pas, il est si bon et si sage ! Il a dû te parler ce matin de nos projets. Pourquoi ne m’en dis-tu rien ?

— Nos projets sont hors de discussion, répondis-je, il les accepte avec la magnanimité d’un grand cœur ; mais ne craignez-vous pas qu’il n’en souffre un peu ? Et la délicatesse ne nous commande-t-elle pas de nous contenir et de savoir attendre ? Je dois aller chercher le consentement de ma mère ; jusqu’à mon retour, me promettez-vous de ne songer qu’à vous rétablir ?

— Je ferai tout ce que vous me prescrirez ; mais vous croyez donc que M. Brudnel me regrette ? Pourquoi ? Nous ne le quitterons pas, n’est-il pas vrai ? Rien ne sera changé à la vie qu’il s’était arrangée. Nous le soignerons, nous le dorloterons, il aura deux enfants qui s’entendront pour le rendre heureux. Et puis sa fille ! vous savez bien qu’il a parlé d’une fille, et je suis sûre, moi, qu’il ne songe qu’à elle. Il l’amènera, nous la chérirons aussi. Je me ferai sa com-