Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cloîtrée dans sa maison, ayant expérimenté que l’ennui du couvent la tuerait aussi vite que les émotions de la liberté. Rien ne sera peut-être changé dans leurs relations. Que sait-on, et que nous importe ? Le mariage est une réhabilitation qu’il lui offre et qu’elle accepte avec joie. Elle sera madame Brudnel qui ne demandera pas à être produite dans le monde et qui vivra à force de soins, de ménagements et de gâteries dans une retraite agréable et luxueuse. Cette vie de campagne et d’intimité est également nécessaire à sir Richard, dont la santé, tu le sais, est assez fragile. Je trouve qu’il a pris le meilleur parti, car il a une véritable affection pour sa pupille, et, s’il s’y mêle un peu d’amour, sa conduite envers elle et toi, lorsqu’il s’est vu trahi, prouve la supériorité de son caractère.

— Oui, certes, je n’ai pas attendu jusqu’à présent pour l’admirer ; mais, dans tout ce roman dont il t’annonce le dénoûment, je ne vois point apparaître le personnage mystérieux de sa fille. La connais-tu ?

— Je te parlerai d’elle plus tard. Quant à présent, ne songeons qu’à nos projets. Tu es bien décidé à ne pas nous quitter ?

— À moins que Jeanne ne se marie et que je ne vienne, pour mon malheur, à déplaire à celui qui sera son maître.