Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/316

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ville, ayant suivi les conseils de Bielsa, s’éloignait avec lui, couverte d’un vêtement de dessus qu’il avait pris dans notre boutique et qui lui donnait l’aspect d’une paysanne. Il y avait joint des chaussures épaisses afin que l’on ne pût reconnaître la trace de ses petits pieds. Il eut soin d’ailleurs d’effacer les premières empreintes et les siennes propres sur le sable du parc. Ils gagnèrent à pied le rivage peu éloigné de la Garonne, où ils prirent le bateau. Ils se firent descendre à Podensac, à peu de distance de Bordeaux. Je les y attendais et je les conduisis chez la Ramonde, une brave sage-femme, sœur aînée de mon mari. C’était une personne sûre, dévouée et habile, obligée d’ailleurs par état au secret le plus absolu. Mon mari avait calculé toutes les chances qui favorisaient son projet.

» Fanny n’était pas trop fatiguée, elle mit Jeanne au monde deux jours après. Forte et courageuse, pleine d’espoir et d’illusions, elle se croyait sauvée. Sa fille, belle et bien constituée, fut portée à l’hospice, inscrite, comme née de parents inconnus, sous le nom de Jeanne, mais reprise aussitôt et emportée par une bonne nourrice que la Ramonde nous indiqua dans son voisinage.

» Huit jours après, Fanny était assez rétablie pour