Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/324

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» Bielsa repoussa le portefeuille avec un geste si énergique, que cet objet tomba par terre, et que le marquis fut forcé de le ramasser lui-même, ton père ne voulant pas même y toucher.

» — J’aime bien, dit-il, l’argent que je gagne avec mon travail, mais non pas celui qui est une marque de mépris. Si vous ne comptez pas sur ma discrétion, c’est que vous ne m’avez jamais estimé. En ce cas, vous auriez tort de me payer, on ne peut pas compter sur les gens qui acceptent ces conditions-là. D’ailleurs, je n’ai pas de conditions à accepter ; c’est à moi d’en faire. Je me tairai donc, à la condition que vous pardonnerez à votre femme et que vous la traiterez avec douceur.

» — À cette heure, dit le marquis avec un sourire singulier qui n’échappa point à Bielsa, je peux oublier le passé, pourvu que madame accepte le présent.

» Ils rentrèrent. En leur absence, Fanny, en proie au désespoir, s’était beaucoup exaltée. Je n’avais pu la calmer qu’en lui disant qu’elle pourrait s’enfuir plus tard et en prenant mieux ses mesures.

» — Madame, lui dit le marquis en rentrant, tout est éclairci et accepté. Il vous est pénible de demeurer auprès de ma mère, nous ferons un autre établissement ; d’ailleurs, Mauville ne vous rappellerait que des