Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/328

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Mauville avec le valet de chambre de l’Anglais, car ces rendez-vous étaient très-dangereux. Le braconnier ne savait pas si son hôte avait une intrigue avec la jeune marquise ou avec une de ses belles-sœurs. L’Anglais fut assez longtemps sans reparaître. Un soir du mois de juin 1825, environ quinze jours avant la fuite de Fanny, — c’était bien l’époque où elle l’avait attendu, — il revint mystérieusement, et le braconnier aida John, le valet de chambre, à tout disposer pour un enlèvement. Ils se rendirent la nuit même à la lisière du parc. C’était encore loin des cèdres. L’Anglais voulut s’y rendre seul ; mais à peine avait-il franchi la clôture qu’un coup de fusil le renversa. John s’élança, le braconnier le suivit. À leur approche, le meurtrier s’enfuit. L’Anglais était étendu par terre et paraissait mort. Ses deux compagnons l’emportèrent et le mirent dans la voiture préparée pour l’enlèvement. Ils gagnèrent ainsi le rivage de la Garonne. Là, le valet de chambre fit descendre le braconnier, lui donna une bourse d’or, et la voiture disparut dans l’obscurité. Jamais, depuis ce moment, il n’avait entendu parler du beau monsieur anglais et jamais il n’avait osé demander de ses nouvelles.

» Nous renonçâmes dès lors à l’espérance, autant vaudrait dire à la crainte de voir Jeanne réclamée