Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/331

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l’exaspération morale lui occasionnèrent de tels accès de fièvre nerveuse, qu’on désespéra souvent de sa vie. Il tomba ensuite dans une prostration complète, dont il ne sortait que pour demander à John des nouvelles de Fanny. John le trompa pour l’apaiser, et, dès qu’il le vit en état de quitter sa retraite, il lui fit accroire que madame de Mauville l’attendait à Londres. Il le fit donc embarquer au plus vite. John voulait à tout prix éloigner Richard du funeste milieu où la vengeance du marquis pouvait toujours l’atteindre.

» Arrivé à Londres, Richard courut chez sa sœur pour avoir des nouvelles de Fanny ; mais, au lieu d’une lettre d’elle, il trouva une lettre de faire part de sa mort. En outre lady C…, qui était en relations avec la marquise douairière de Mauville, avait reçu, deux mois auparavant, une lettre de cette dame, où elle annonçait, sur un ton de consternation glacée, que sa belle-fille, en état de grossesse, ayant été fort imprudemment et contre son gré faire des emplettes à Bordeaux, y était morte avec l’enfant dont elle était enceinte. La douairière n’élevait aucun doute sur la légitimité de cet enfant. Il est probable qu’elle tenait à éviter toute nouvelle cause de rencontre fâcheuse entre son fils et sir Richard. Celui-ci fut complétement trompé par cette version qu’il ne pouvait vérifier, et