Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/53

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

donnait un formel démenti au roman qu’elle m’avait conté sur sa naissance mystérieuse.

Je voulus insister pour la convaincre de son erreur.

— Ainsi, dis-je à ma mère, c’est au milieu de ce gros chagrin-là que tu as mis Jeanne au monde ?

— Précisément. Elle est née peu de jours après, et l’arrivée de cette enfant m’a consolée, car aucune affection ne se compare à celle qu’on a pour vous autres.

Jeanne embrassa sa mère avec tendresse. Je ne sais pourquoi je m’imaginai que ce n’était pas l’élan de joie qu’elle eût dû avoir en reconnaissant le néant de sa chimère. Il m’était venu je ne sais quels doutes à moi-même. Je voulus en avoir le cœur net.

— Tout cela me fait penser, dis-je à ma mère, que je vais peut-être avoir besoin bientôt de mon acte de naissance pour être inscrit à l’école de Montpellier. Si j’allais à la mairie, puisque je suis né ici ?

— C’est inutile, répondit ma mère, la copie de vos actes de naissance est chez nous à Pau, vous les aurez quand vous en aurez besoin.

Cela était vrai. Quand nous fûmes revenus chez nous, ma mère me montra ces actes, et je tins à ce que Jeanne vit le sien. Elle était bien inscrite comme fille née en légitime mariage d’Adèle Moessart, cou-