Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/81

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dai le temps de la réflexion. Le poste était bon, mais de bien courte durée chaque année. Il eût fallu pouvoir m’établir dans une des régions voisines où l’on passe l’hiver et l’on vit sur une clientèle fixe. Je ne voyais aucune position à prendre dans les environs, tout était occupé sans espoir de vacance. C’est à m’assurer de ce point important que je passai une semaine. La chose méritait examen. J’étais très-incertain du théâtre de mes débuts. Et ne fallait pas songer à faire quelque chose à Pau. Il y avait là plus de médecins qu’il n’était nécessaire ; je n’avais jamais songé à m’y établir, mais je désirais ne pas trop m’éloigner de ma famille, et Luz était déjà bien loin au gré de ma mère. Le hasard, dirai-je le hasard tout seul ? devait dénouer la situation.

Un matin que j’étais monté en me promenant aux bergeries, c’est-à-dire au groupe de chalets situés sur les pâturages du pic de Bergonz, à une demi-heure de marche au-dessus de notre auberge, je vis arriver deux voyageurs qui faisaient l’ascension, l’un à pied, l’autre en chaise. Le piéton était un Anglais d’apparence distinguée, un homme dont la figure agréable et soignée disait cinquante ans, tandis que le jarret un peu roidi et les cheveux tout blancs disaient soixante. La personne portée en chaise par deux vigoureux mon-