Page:Sand - Ma Soeur Jeanne.djvu/93

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

savoir un peu de tout. Voulez-vous me permettre de vous écouter un instant ? Respirez du mieux que vous pourrez.

— Voilà.

— Eh bien, ce n’est pas mal ; vous pouvez guérir, si vous avez de la patience et de la persévérance. Marchez tous les jours, mais pas autant qu’aujourd’hui. Vous en avez assez.

Il m’examina avec surprise. Je me trahissais ; j’étais las de mon rôle. Nous arrivions auprès de la chaise. On sait que les porteurs vont très-vite, au pas gymnastique. La jeune dame leur avait ordonné de s’arrêter pour attendre son mari. Elle était descendue et venait à sa rencontre.

— Je veux marcher à présent, lui dit-elle, et vous vous ferez porter.

Il refusa ; devant elle, il dissimulait sa fatigue, et je crus voir à ses regards inquiets qu’il ne fallait pas prononcer le terrible mot d’asthmatique ; mais je crus devoir insister, et elle m’en sut gré.

— Cher ami, lui dit-elle avec une grâce caressante, vous n’êtes pas bien aujourd’hui, vous ne marchez pas comme à l’ordinaire. Si vous refusez, ajouta-t-elle en baissant la voix, je croirai que vous ne m’aimez plus.