Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/130

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La première fois que le vieillard me parla ainsi, mon esprit fut révolté. Je réclamai au nom du passé, du présent et de l’avenir, au nom des lumières de la science, au nom des progrès de la civilisation, au nom des droits, des habitudes, des sentiments et des besoins de l’homme.

« Que réclames-tu ? s’écria-t-il, enflammé d’une sainte colère ; voyons, formule la première venue de tes réclamations ! Je te défie d’en trouver une qui ne consacre le prétendu droit du bonheur en ce monde. Progrès des sciences dites exactes et des sciences dites naturelles ! exercice de l’esprit qui veut mesurer l’œuvre divine, s’en rendre compte et détruire la notion religieuse par la connaissance des secrets de la nature ! recherche des propriétés des éléments et de toutes les choses créées pour se rendre maître de toutes les forces de la matière : qu’y a-t-il au bout de ces travaux énormes ? L’industrie, le pain du corps, pas autre chose. Les sciences abstraites, la métaphysique, l’étude nouvelle de l’âme et la définition modernisée de la Divinité ?… Blasphème de crétins ! Ces sciences-là n’ont pour objet que de se débarrasser de l’œil de Dieu ; de réduire sa loi à une fatalité sans cause et sans but, et d’assurer l’impunité à toutes les jouissances de la vie. — Sciences philosophiques, morale, érudition, recherche d’une prétendue sagesse ?… Mensonges sur mensonges en vue d’un scepticisme égoïste et d’une paix glacée ! Paresse du cœur conquise par le vain travail de l’esprit ! — Les arts, les lettres ?… Raffinements puérils et corrupteurs de l’intelligence amoureuse de plaisirs profanes, vanités et folies ! Rien pour Dieu dans tout cela.

« Regarde la vie du Sauveur, y vois-tu les luttes et les triomphes de l’orgueil ? Écoute sa parole, y sens-tu les subtilités de la science, les recherches de la discussion, les réticences d’une temporisation quelconque avec les