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aussi la vôtre ; car vous avez cherché dans les faits la lumière que j’ai cherchée dans les livres, et dans quelques jours, dans plusieurs jours s’il le faut, vous prononcerez. Jusque-là, je vous verrai, mais devant votre famille, et sans chercher à hâter vos résolutions.

Votre ami M.




XII.


ÉMILE À M. LEMONTIER, À PARIS.


Aix, 12 juin 1861.

J’ai fait aujourd’hui connaissance avec un homme assez remarquable dont je ne sais pas le nom. J’étais allé faire mon pèlerinage aux Charmettes et j’étais monté ensuite, par le chemin aimé de Jean-Jacques, sur la hauteur d’où l’on domine Chambéry. Cette petite ville aux toits noirs lamés d’argent est charmante à l’extérieur. Ses vieux édifices et son cadre de montagnes hardiment dessinées en font une des villes les plus pittoresques que j’aie vues. Ce n’est pas l’importance et la fierté du Puy en Velay, qui a des montagnes pour monuments décoratifs et pour cadre un immense bassin semé de monuments naturels analogues. Chambéry n’est pas le centre, mais le détail d’un pays moins ouvert et plus détaillé lui-même. Ce n’est pas ce grand tableau que l’œil embrasse tout entier, c’est un pays de retraites profondes et d’éblouissements imprévus. Les rochers n’ont pas, comme dans les régions à cratères, l’aspect d’effrayante régularité propre aux vomissements volcaniques. Ici les lourds craquements du calcaire ont varié la proportion et l’in-