Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/228

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une sincérité absolue. Vous me direz si l’obstination du général et ses préventions contre moi sont votre ouvrage.

— Sa conversion est mon ouvrage, si mes prières ont été exaucées !

— Ne redevenez pas jésuite, ou je vous montrerai que je sais opposer la prudence à la ruse.

— Jésuite ? s’écria-t-il. Je ne suis pas jésuite ! À tort ou à raison, je me suis séparé de l’esprit de cette société puissante, voilà pourquoi je suis seul et faible sur la terre.

— Persécuté peut-être ! Je le souhaiterais pour vous, vous ouvririez peut-être les yeux sur le mérite de la droiture absolue, mérite difficile dans la vie pratique et nécessaire devant Dieu ; mais je n’ai pas le droit de vous adresser d’autres questions que celles qui me concernent, et je vous réitère celle à laquelle vous venez de répondre d’une manière évasive.

— Vous le voulez ? dit-il. Je frapperai donc le grand coup, et, si vous avez la force d’esprit et de conviction à laquelle vous croyez pouvoir prétendre, vous ne me regarderez pas comme un ennemi après que j’aurai parlé. Oui, c’est moi qui ai dit au père de Lucie : « Votre fille ne peut pas devenir la fille d’un philosophe ennemi de l’Église. » Mais ne le saviez-vous pas, Émile ? Ne m’étais-je pas déclaré à vous-même ?

— Vous m’avez dit qu’on vous avait arraché malgré vous ce cri de votre conscience catholique : « Il n’y a jamais moyen de transiger en matière de foi. » Ce sont là vos propres paroles. Je vois que vous les avez développées de manière à rendre le général inflexible en dépit de son caractère indécis et de sa tendresse pour sa fille.

— J’ai été entraîné hier à ces développements par l’irrésolution