Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

pouvez le croire, lorsque nous avons vu revenir la barque du général. Nous l’avons attendu.

« Eh bien, nous a-t-il dit en sautant lourdement sur la grève, nous voilà tous calmés, j’espère. C’est une trêve de trois jours que nous devons conclure. Pas un mot à M. de Turdy de ce qui s’est passé ce matin ; laissons-lui ses illusions. Vous, monsieur Lemontier, pas un mot de conversation particulière avec ma fille, une visite par jour d’une heure au grand-père, et moi, pas un mot de reproche ou seulement de discussion avec lui, avec elle, avec vous, avec qui que ce soit : voilà les conditions. J’ai donné ma parole et je vous la donne. Donnez la vôtre, et tout est dit… jusqu’à nouvel ordre ! »

Émile a échangé une poignée de main un peu convulsive avec le général ; je me suis abstenu de dire un mot, voulant me réserver le droit de servir d’intermédiaire entre votre fils et Lucie. Nous avons passé le reste de la journée à nous promener autour du manoir, le général nous surveillant avec une lunette d’approche. À cinq heures, comme nous repassions devant la grille, il est venu très-gracieusement nous dire que M. de Turdy allait de mieux en mieux, et tout souriant, il nous a crié :

« À demain ! »

Nous voilà tranquillisés, sinon tranquilles, pour trois jours, après lesquels vous serez ici, et l’espérance nous reviendra.

Henri.




XXVII.

LUCIE À M. LEMONTIER, À CHÊNEVILLE.


Turdy, 23 juin 1861.

Monsieur,

J’ai promis de n’avoir avec Émile aucun entretien particulier pendant trois jours. Ce serait éluder un enga-