Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/298

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Misie hésitait, comme si elle eût été retenue par un remords ou par la curiosité. L’abbé insista, elle sortit.

Aussitôt Henri entendit les bruits furtifs d’un travail inexplicable, et il dut attendre pour s’en rendre compte que Moreali fût rentré dans le petit espace que son œil pouvait embrasser. Il le vit alors, à la clarté de plusieurs bougies, interroger minutieusement un carré de lampas bleu qui remplissait un panneau de boiserie dont il avait en partie levé le cadre. Il était monté sur une chaise et atteignait sans peine le haut du carré. Quand il eut exploré tout l’intervalle entre la muraille et l’étoffe en déclouant et reclouant coin par coin, il se hâta de replacer les baguettes du cadre. Il fit ce travail avec une grande adresse et une promptitude surprenante ; et, quand ce fut fini, il se laissa tomber sur un fauteuil, comme épuisé de fatigue et brisé par le désappointement.

Misie rentrait.

« Ah ! mon Dieu ! monsieur l’abbé, comme vous voilà blanc ! dit-elle ; est-ce que vous vous trouvez mal ?

— Ce n’est rien, Misie, un peu de fatigue ; mais je n’ai rien trouvé !

— Alors il faut qu’il n’y ait rien.

— Prenez garde, Misie ! vous m’avez mis ici aux prises avec un danger sérieux. C’est vous qui avez pris l’initiative : auriez-vous parlé au hasard ? seriez-vous folle ? »

Misie, intimidée par le ton sec et mécontent de l’abbé, répondit en balbutiant :

« Mon Dieu, mon Dieu !… je n’ai rien pris sur moi… Vous m’avez demandé des détails sur la mort de madame. Je vous ai dit ce que je croyais savoir. Je sais bien qu’elle rêvait souvent tout haut. Pourtant elle me l’a dit plus de trois fois, et sans paraître égarée : « C’est là, Misie ! dans ce carré-là ! dans dix ans d’ici, rappelle-toi bien, petite, tu chercheras, et tu trouveras. C’est mon