Page:Sand - Mademoiselle La Quintinie.djvu/363

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équitable et douce ! Avec vous, monsieur, elle ne peut que grandir en sagesse et en vertu.

Recevez mes adieux, monsieur, et faites-les agréer à votre fils, à votre fille et à son respectable grand-père. Ce sont des adieux éternels. Pardonnez-moi toutes les peines que je vous ai causées. Si vous saviez combien mon repentir est sincère, vous n’hésiteriez pas à m’absoudre.

Permettez-moi d’ajouter quelques mots pour vous seul. Vous m’avez fait un grand bien, monsieur, en me témoignant une estime que je veux mériter et en m’accordant une amitié dont je saurai me rendre digne par la ferveur et la fidélité de la mienne. Je ne me retire point à la Trappe, comme me le conseillait le père Onorio. Je ne mettrai plus volontairement ma raison en danger ; je veux que ma foi devienne féconde. J’ai une fortune à dépenser. Je vais me faire mon propre aumônier à moi tout seul, et, marchant au hasard des chemins, répandre partout sur le pauvre, quelle que soit sa croyance, la parole amie et le présent respectueux et anonyme du voyageur. Je tâcherai que mon voyage dure longtemps, car ce sera un beau voyage, et j’y veux consacrer tout le temps qui me reste à vivre.

Veuillez, monsieur, remettre la lettre ci-jointe au général La Quintinie, et me permettre de me dire votre ami pour toujours.

MOREALI.


À M. LE GÉNÉRAL LA QUINTINIE

Monsieur le général,

Au moment d’entreprendre un long voyage, je viens vous adresser une dernière supplication, qui est d’abréger l’épreuve, et de consentir au prochain mariage de