Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/112

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la bruyère. Je m’assurai qu’il n’était dangereux que pour une personne sujette au vertige. Les gens du village l’entretenaient avec un soin extrême et des précautions toutes filiales. Quand j’eus gagné le sommet, je me trouvai en face d’une grille grande ouverte. Il n’y avait pas de sentier extérieur à droite dans la direction du château. Je pensai que celui de gauche me permettrait de m’y rendre par quelque détour, et j’allais m’y engager quand un vieux gardien, dont le confortable pavillon d’habitation touchait à la grille, m’appela en me disant :

— Si vous allez au château, monsieur, vous ne prenez pas le chemin ; celui-ci conduit à la ville.

— Mais je n’en vois pas d’autre.

— Pardon ! l’allée du parc vous mène au logis neuf, et vous voyez bien que la grille est ouverte. Tout le monde y passe.

Je remerciai le gardien, et, voyant le soleil encore assez haut sur l’horizon, je lui demandai l’heure. Ma montre s’était arrêtée.

— Il est bien un peu tôt, me dit-il, pour aller chez nous. On doit être encore à table ; mais, en attendant, vous ferez un tour dans le vieux parc. Il est très-curieux.

— Je pensais qu’il y avait défense pour les étrangers ?

— Non, monsieur, il n’y a jamais eu de défense.

— C’est ainsi, pensai-je, que l’on écrit l’histoire ! cette mystérieuse forteresse est ouverte à tout venant.

Comme j’allais y pénétrer, le bonhomme me dit par manière de réflexion :

— Vous pensiez cela, parce que mademoiselle n’y conduit presque jamais les dames qui viennent le