Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/137

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anglais et une nature italienne. J’appris que ce dernier était petit-fils d’une Provençale mariée à un des marins retraités de l’amiral.

L’écueil choisi pour notre réfectoire était à un quart de lieue de la côte. La houle était un peu forte nous eûmes quelque peine à aborder sans casser plats et bouteilles. Enfin tout fut déballé sur le sable fin, entre deux grosses roches qui devaient nous préserver du soleil et du vent. Les deux Célio firent un essai de pêche qui n’amena rien, et pendant lequel je fis le tour de l’écueil sans apercevoir la trace d’un seul guillemot. Stéphen s’occupait à recueillir des patelles sur les flancs des rochers, les mangeant à mesure pour se mettre en appétit et assurant que c’était un délicieux coquillage.

Naturellement, nous invitâmes les deux Célio à manger avec nous. Célio Guillaume accepta avec une politesse digne, Célio Barcot avec un peu trop de familiarité. Ce jeune homme connaissait sa beauté, et il en était vain. De la vanité à l’outrecuidance et à la sottise, il n’y a pas loin. Célio Guillaume, qui avait cinq ou six ans de plus que lui, lui parlait comme à un enfant, et devant nous la chose lui déplaisait. Il regimbait il chaque mot et cherchait à rendre son compagnon ridicule. Comme il m’avait entendu dire à Stéphen que le fils Guillaume avait le type britannique, il trouva plaisant de le traiter d’Anglais, et, comme il voyait que nous interrogions de préférence ce jeune homme, plus sage et plus mûr que lui, il s’évertua à étaler le petit savoir qu’il avait acquis au cours de M. Bellac. Il avait de la mémoire, il savait mieux que Guillaume une douzaine de mots techniques, et il s’en servait à tort et à travers, pensant nous éblouir. La