Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/138

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patience de Stéphen était naturellement à toute épreuve, mais la mienne se lassa vite, et je ne pus m’empêcher de remercier Célio Barcot avec ironie quand il voulut bien m’instruire en m’exposant la formation des marées.

Célio Guillaume haussait les épaules, Barcot le traita encore d’Anglais.

— En voilà assez, lui dit le jeune homme d’un ton sévère, ceci est une injure pour moi, et je te défends de recommencer. Il y a déjà quelque temps que tu fais des manières qui ne conviennent pas.

— Tu dis ça, répliqua l’adolescent, parce que la marraine m’a mis sur sa barque, et que tu voudrais être le seul maître partout !

— Oh ! pour le coup, tu vas te taire, reprit l’autre Célio en lui prenant toute la tête dans sa large main ; si la marraine est bonne, ce n’est pas que tu le mérites, et, si je te souffre sur sa barque après ce que tu as fait jeudi dernier, c’est parce que j’ai pitié de ta jeunesse et de ta bêtise. Je n’aurais qu’un mot à dire pour te faire mettre à terre pour longtemps.

— Qu’est-ce que j’ai fait ? s’écria le jeune Célio, rouge de dépit, en se dégageant et en rajustant sa belle chevelure ; qu’est-ce que j’ai fait, voyons ? Il ne faut pas accuser injustement ; je n’ai rien fait de mal !

— Veux-tu que je le dise devant ces messieurs ?

— Si c’est pour que le Parisien qui est là le rapporte à ma marraine…

— Le Parisien, lui dis-je, ne rapportera rien. Il ne se mêle pas de vos affaires, et il n’a aucun crédit sur votre marraine. D’ailleurs, si vous n’avez rien fait de mal, vous n’avez rien à craindre de personne.