Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/145

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rivait pas un accident au village sans qu’elle fût appelée au secours.

Le père Barcot, pâle comme la mort, partit le premier avec ses autres fils, et je leur proposai de les accompagner ; mais ils me remercièrent de façon à me faire comprendre que je les gênerais sans leur être d’aucun secours. Ils acceptèrent Stéphen, dont la figure, le costume et le sang-froid leur faisaient mieux augurer de ses connaissances nautiques.

Mais toute cette anxiété était-elle fondée ? Célio Barcot pouvait avoir abordé à quelque distance du village sur la plage déserte. Je courus explorer la rive, à ma droite, et, ne voyant rien sur un grand espace, je revins pour l’explorer à gauche. Je courais le long du sentier qui menait au donjon, lorsque je me trouvai tout à coup en face de mademoiselle Merquem, qui en descendait rapidement les courbes escarpées.

— Qu’est-ce qu’il y a ? me dit-elle, et pourquoi le signal de détresse ?

En deux mots, je la mis au courant de l’inexplicable disparition d’un de ses filleuls. Elle ne fit aucune réflexion et courut vers sa barque en me disant ;

Venez !

Égoïsme de l’amour ! J’oubliai le danger que pouvait courir le beau Célio pour ne songer qu’au bonheur d’être appelé par Célie.

— Allons-nous donc être seuls ? me dit-elle en voyant toutes les embarcations en mer. À quoi songent-ils de partir sans moi ?

— Non, non, demoiselle, s’écria Célio Guillaume en s’élançant sur le canot amiral de la châtelaine, où arrivaient en courant Guillaume père et les autres ra-