Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/169

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gardés de l’inquiéter. Elle me parut cependant irrésolue et anxieuse.

— Que s’est-il passé ? me dit-elle. Qu’est-ce que cet homme voulait ?

— Rien, lui répondis-je ; il avait de bonnes intentions à mon égard. Il voulait me payer le sauvetage de son ami. Je lui ai appris que les gens de la Canielle ne reçoivent rien pour ces choses-là.

— Oui, oui, ajouta Célio, vous lui avez répondu en homme qui connaît les gens de chez nous ; vous avez très-bien parlé, et on vous en remercie tous !

— Mais, reprit Célie, il a donc bien insisté ? Il vous prenait donc pour un des nôtres ?

— Voilà une parole bien dure ! lui dis-je. Je croyais être l’un des vôtres, pour aujourd’hui du moins !

— Il faut que ce soit pour toujours ! s’écria la mère Guillaume, qui m’avait pris en grande amitié. — Demoiselle, si tu m’en crois, nous allons le baptiser.

— Me baptiser ! Il y a donc une cérémonie… ?

— Oui, reprit la bonne femme ; c’est une coutume d’ici, il faut la suivre ! — Demoiselle, c’est à toi de le permettre.

— Je le voudrais bien, dit Célie en souriant ; mais il n’est pas marin et ne le sera jamais. Chacun son état, mes enfants !

— Ça ne fait rien, dit le père Guillaume ; il n’ira en mer que quand il voudra, mais il sera adjoint à notre confrérie. L’institution de M. l’amiral n’exclut personne du pacte d’amitié de la Canielle, puisque vous en êtes, ainsi que M. Bellac et ma femme.

— C’est vrai, reprit Célie. Eh bien, lisons-lui les statuts et baptisons-le, s’il le demande.