Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/171

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— Bon baptême où il y a du bon sang, répondit Célio, du sang répandu pour l’honneur de la confrérie ! Sachez à présent, ma marraine, que le monsieur aux écus a mal pris la fierté de notre nouveau frère. Il l’a frappé ; mais il a été payé de sa peine : le frère lui a cassé les dents, et on n’aura pas le plaisir de le revoir avant qu’il ait été s’en faire planter des neuves à la ville.

— Mais c’est un misérable, c’est un assassin ou un fou ! dit Célie indignée. Comment ! attaquer un homme parce qu’il refuse de l’argent ? Il y a eu autre chose, vous ne me dites pas tout.

La mère Guillaume lui parla à l’oreille ; Célie parut très-émue, mais elle surmonta son trouble aussitôt.

— Maman Guillaume me fait observer, dit-elle, que je ne devais pas interrompre la cérémonie. Achevons-la. Il faut que, selon l’usage, ce frère choisisse librement parmi nous le parrain et la marraine qu’il veut avoir,

— Ah ! la marraine…, m’écriai-je tout tremblant ; si j’osais…

— J’allais m’offrir, répondit-elle, car nous sommes vos répondants, Guillaume et moi.

Ils étendirent leurs mains unies sur ma tête en disant :

— Armand-Guillaume-Célio, nous t’adoptons pour frère, ami et filleul. Nous aiderons ta jeunesse, tu soigneras au besoin nos vieux jours.

Célie m’embrassa sur les deux joues devant tout le monde. Je reçus la même accolade de mon parrain, de sa femme et de ses fils : puis mon initiation fut proclamée, et mon nouveau nom inscrit avec mes titres d’admission sur le registre dont Guillaume était