Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/225

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— Comment, non ?

— Vous n’avez donc pas remarqué qu’à votre dernière soirée, Emma entreprenait le fiancé d’Erneste, et qu’Erneste, pour se venger…

— Si fait ; mais ce sont des enfantillages ; au fond…

— Au fond, les enfants de ce temps-ci n’aiment pas.

— Voilà qui est triste ! Ainsi vous croyez que Montroger n’a pas rêvé le désir qu’Erneste a de lui plaire ?

— Il ne l’a pas rêvé. Erneste le sait très-riche, elle est ambitieuse comme une autre, et, d’ailleurs, le triomphe de consoler votre victime,… car elle est vaine aussi.

— Ah ! mon Dieu ! j’ai donc eu bien tort de dissuader Montroger de cette idée ?

— Il faut vite réparer cette faute. Il faut lui écrire, le rappeler, dire que vous vous êtes trompée. Il faut voir ma tante, il faut…

— Il faut d’abord que vous partiez, vous ! Oui, ne bondissez pas ! Il faut aller passer une quinzaine où vous voudrez, mais sans que l’on sache où vous êtes. Ne voyez-vous pas que le moment de la crise est déjà venu, et qu’il ne faut pas l’éviter ? Ou Montroger me trompe et m’annonce un nouveau projet de mariage pour m’éprouver encore une fois, parce qu’il soupçonne la vérité, ou il est enfin sincère et il peut se décider pour Erneste, si la vanité blessée ne me le ramène pas. Dans le premier cas, il faut que je m’explique avec lui et que je réduise au silence une jalousie ridicule en lui disant que j’ai fait un choix et en le sommant, au nom de l’honneur et de la raison, de l’approuver. Cette explication est peut-être grosse