Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/258

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bon, je vous reconduirai dès aujourd’hui à la Canielle.

Je le remerciai en lui disant que je ne retournerais pas à la Canielle sans en avoir reçu l’ordre.

— Je vous l’apporte verbalement, dit-il. On vous attend avec une impatience…

— Une impatience que vous vous exagérez probablement, et à laquelle je n’aurai foi que d’après un ordre écrit.

— Vous êtes méfiant ou modeste ; enfin vous ferez ce que vous voudrez : moi, j’éprouvais le besoin de vous voir. Nous avons beaucoup à causer, car ceci est une situation délicate. J’ai beaucoup souffert, non pas tant de la détermination de mademoiselle Merquem, à laquelle je ne pouvais en aucune façon m’opposer, que du mystère dont elle a entouré ses démarches. J’avais droit à plus de franchise de sa part et peut-être de la vôtre.

— De la mienne ? Je ne crois pas. Ce secret n’appartenait qu’à elle.

— Soit ! convenez cependant que vous avez risqué de me rendre bien ridicule…

— Telle n’a pas été mon intention ; mais permettez-moi de ne répondre à aucune question et de ne me défendre d’aucun reproche avant de savoir le motif de la visite que vous me faites l’honneur de me rendre.

— C’est juste, je procéderais comme vous… Il faut donc que je vous raconte ce qui s’est passé depuis votre départ. Asseyons-nous, je suis fatigué… et un peu souffrant.

Sa figure était réellement altérée. Il n’avait pas maigri, mais il avait les yeux creusés et les pom-