Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/271

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fièvre revint pourtant au bout de quelques heures ; mais M. Bellac, que Célie avait appelé en toute hâte et qui connaissait à fond l’organisation de Montroger, nous rassura et aida le médecin hésitant à se rendre maître de l’accès. Une prostration de vingt-quatre heures résuma la convalescence, et le malade se montra, au sortir de cette crise, doux et soumis comme un enfant. En voyant Célie et Bellac à ses côtés, il se persuada aisément que Célie avait été mandée par moi, qu’elle n’était venue que pour lui, et il nous en témoigna à tous deux une vive reconnaissance.

Quatre jours après son arrivée à Yport, nous nous trouvions, le soir, seuls ensemble. Célie, qui l’avait soigné avec un zèle infatigable, s’était retirée après dîner pour se reposer enfin complètement. Stéphen, las d’être enfermé, avait été respirer l’air de la mer avec Bellac. Montroger, assis devant la cheminée, où brûlait un fagot, essayait de fumer un cigare, et déclarait avec une profonde mélancolie qu’il ne le trouvait pas bon. Il continuait à être effrayé de son état, qui était le plus satisfaisant possible, et j’avoue que j’étais mortellement ennuyé d’avoir à rassurer ce grand enfant, qui semblait avoir oublié toutes les préoccupations des autres pour ne songer qu’à lui-même.

— Je vois, me dit il en s’apercevant de la langueur de mes réponses, que je vous fais pitié ! Que voulez-vous ! j’ai fait mes preuves de courage, et, comme un autre, je suis capable d’aller au-devant de la mort ; mais l’attendre tranquillement dans un lit, moi qui de ma vie n’ai su ce que c’était qu’une indisposition légère,… c’est au-dessus de mes forces. Donnez-moi