Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/311

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changer la rédaction trop peu sérieuse de ce congé. Elle n’y voulut pas consentir.

— Si vous voulez qu’il le croie sérieux, dit-elle, il faut qu’il soit de mon style et spontané. Si vous me le dictez, il n’est pas assez niais pour ne pas voir qu’il m’est imposé.

Ma tante céda en déclarant que, si Montroger apportait une lettre, nous la lirions avant elle.

— C’est tout ce que je désire, répondit-elle avec fierté.

Il était difficile de briser un caractère aussi déterminé et d’émouvoir un cœur aussi calme. La mère pleura en secret et tomba dans de graves perplexités ; elle ne pouvait en vouloir autant que moi à Montroger, elle avait caressé un instant l’idée de lui voir épouser Erneste. Elle y revenait, contrainte et forcée, inquiète et chagrine, mais sans repousser absolument toute confiance dans la pénétration de sa fille et dans l’énergie de sa volonté pour faire de Montroger un autre homme.

Les événements, qui sont essentiellement positifs, la plupart du temps, donnèrent raison au positivisme de la fille du siècle ; c’est ainsi que madame du Blossay, dans ses jours d’effroi et de tristesse, appelait sa fille.

La lettre que je rapportai le soir, en échange de celle que j’avais déposée dans le creux de l’arbre, était presque une déclaration :

« Que vais-je devenir ? Je ne vous verrai plus ? C’est impossible, c’est à en devenir fou. Qui me parlera d’elle ? qui me guérira par la raison et la douceur de cette passion fatale qui m’a rendu si coupable et si malheureux ? Vous n’avez donc pas de pitié ? Vous ne