Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/314

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contre la mort. On avait cru, avant sa maladie, qu’elle se décidait pour Montroger ; l’attitude désormais excellente de celui-ci déjoua cette supposition. Je m’étais rendu à Paris pour y attendre Célie quelques jours avant qu’elle quittât la Canielle, et on passa plusieurs semaines sans savoir que j’eusse accompagné ma tante et sa fille dans le Midi. Bellac et Stéphen nous avaient suivis avec Moïse. Nous formions une petite colonie à laquelle, au milieu de l’hiver, Montroger demanda la permission de s’adjoindre. Célie et madame du Blossay y consentirent. Il loua une villa non loin de la nôtre et vint voir souvent ma tante, sans jamais parler du passé avec aucun de nous. Il fut bientôt certain qu’Erneste disposait de lui comme de sa chose et s’attachait à lui par le sentiment qu’elle avait de sa faiblesse et de sa propre force. Ce genre d’amour bouleversait toujours les notions de sa mère, qui ne comprenait pas le dévouement sans l’enthousiasme ; mais il lui fallut bien accepter le fait impérieux et sans réplique. Montroger mit tant de persévérance et de sincérité dans sa recherche, que ma tante dut annoncer à ses connaissances de Paris et de Normandie le prochain mariage de sa fille avec lui. Erneste exigea que le mariage se fît en Normandie pour que l’on y vit bien que son fiancé n’était ni pâli ni maigri par le dépit que les Malbois eussent pu lui attribuer. Célie n’était pas encore en état de quitter le Midi, et je me résignai à la laisser pendant huit jours aux soins de Bellac et de Stéphen pour aller assister aux noces très-splendides de ma petite cousine. Mademoiselle de Malbois, qu’elle écrasa de son luxe et de ses diamants en la traitant comme sa meilleure amie, en sécha de dou-