Page:Sand - Mademoiselle Merquem.djvu/80

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— Celle que l’on approfondit.

— Vous êtes sûre qu’en se livrant à l’étude, on échappe absolument aux moments de dégoût qui traversent la vie ?

— Je n’en sais rien, je le présume.

— Si vous ne le savez pas, c’est que vous ne connaissez pas ces souffrances-là.

— C’est peut-être des souffrances qui n’appartiennent pas aux esprits ordinaires.

— J’entends, c’est l’apanage des hommes supérieurs comme moi ! Je ne vous savais pas si cruellement railleuse.

— Je vous jure que je ne songeais pas à railler : vous me prêtez votre esprit et votre malice.

— Encore ?

Encore vous-même ! J’essaye de vous distraire, et vous me cherchez querelle !

— Puis-je donc croire que vous vous intéressez sérieusement à mon ennui ?

— Est-il sérieux d’abord ?

— Supposons, et n’éludez pas la réponse.

— Je n’élude rien ; mais, vous l’avez dit, je ne connais pas l’ennui, et il m’est difficile d’indiquer le remède.

— Vous pouvez dire au moins comment vous vous êtes préservée de la maladie ?

— Je ne me suis pas préservée ; je n’aurais probablement pas su. Je ne suis pas une âme forte. L’ennui est la maladie des gens trop heureux ; je ne l’ai pas rencontrée sur mon chemin, voilà tout.

— Si je vous croyais, je tomberais dans le plus affreux découragement.

— Pourquoi ?