Page:Sand - Malgretout.djvu/102

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supplier de faire un tour de promenade. Il fait aussi doux qu’un soir d’été. La lune est pure comme un pic de neige, La rivière ne chante pas, mais elle a des soupirs étranges. Le beau pays, le beau ciel et la belle heure ! Impossible de s’enfermer quand le dehors nous appelle avec toutes ses voix. Venez tous, je vous en supplie ; vous me devez l’hospitalité de cette adorable nature, monsieur Owen !

— Oui, oui, sortons tous ! dit mon père. C’est-à-dire, Adda… Non ! c’est trop tôt, il ne faut pas.

— Si vous sortez, je sors, répondit-elle d’un ton qui ne souffrait pas de réplique.

— Eh bien, je resterai, lui dis-je en m’asseyant à ses côtés. Allez, messieurs, nous vous attendons.

Mon père, ordinairement si doux, parut blessé du despotisme de ma sœur. Il vint à moi et me força de me lever.

— Je veux, dit-il que vous vous promeniez, ma fille ; j’ai à causer avec votre sœur, je reste. Je dus obéir, car il y mit de l’insistance. Je jetai une légère écharpe sur ma tête, et je sortis avec les deux artistes,

À peine étions-nous dans le parc, qu’Abel s’empara de mon bras avec une résolution soudaine. Nouville s’était arrêté à regarder le vol d’un sphinx autour d’une fleur ; Abel m’entraîna dans l’allée qui serpentait au bord de l’eau.

— Il faut, me dit-il, que je vous parle, il le faut