Page:Sand - Malgretout.djvu/143

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chose de grave. Je le suivis comme pour donner un ordre, et je restai sur le seuil de la salle à manger, derrière une porte battante. Ils étaient dans le vestibule, à deux pas de moi, et j’entendis Abel qui disait :

— Vous avez fait tout votre possible pour m’irriter, vous n’y avez pas réussi. Ce n’est pas ici que je vous demanderai l’explication de cette hostilité, je respecte trop la maison où nous sommes ; j’irai vous la demander dans une maison que je respecte infiniment moins et où l’on vous trouve plus souvent.

— Je vous attends à Paris demain soir, répondit Rémonville.

— Non, ce n’est pas mon jour. Vous m’avez provoqué, je choisirai, pour en connaître le motif, l’heure et le lieu qui me conviendront. Au revoir, monsieur le comte.

— Soit ! Puisque vous n’êtes pas pressé, ça vous regarde, mon cher ! Abel rentra et me trouva derrière la porte. Je lui saisis les mains.

— Vous ne vous battrez pas avec le mari de ma sœur, lui dis-je ; vous mépriserez ses impertinences, vous ne mettrez pas entre vous et moi l’obstacle d’un duel !

— Je vous donne ma parole d’honneur, répondit-il, que je ne le provoquerai pas. Rentrons, rentrons ! qu’on ne s’aperçoive de rien !

Il se remit à faire de la musique comme si de