Page:Sand - Malgretout.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Ce serait bien long à vous dire, et il faut que je m’en retourne. J’ai du chemin à faire, et, comme je n’ai pas dit où j’allais, on pourrait être inquiet de moi. Si vous dédirez me connaître, je reviendrai ; sinon… Oh ! soyez franche : il se peut que je ne vous sois pas sympathique. Dites-le ; cela me fera de la peine parce que me voilà enthousiaste de vous encore plus que de votre sœur ; mais je ne vous en voudrai pas du tout. Je sais qu’il y a des préventions involontaires, et qu’il n’y a, pour s’en offenser, que ceux qui les méritent réellement.

Je n’aurais pu dire encore à mademoiselle d’Ortosa si elle m’était agréable ou non ; mais, puisqu’elle voulait s’emparer de la confiance, peut-être de l’avenir de ma sœur, je devais essayer de la connaître, et je l’invitai à revenir. Nous prîmes jour pour nous rencontrer, et, afin de lui abréger la distance, j’offris d’aller la trouver à mi-chemin, à cette bergerie où elle s’était arrêtée et que je connaissais. Elle y consentit, et nous nous séparâmes. Je la reconduisis jusqu’à son destrier, qu’elle maniait un peu comme une écuyère du cirque. Là, je trouvai qu’elle n’avait pas l’air aussi comme il faut que doit l’avoir une personne sérieuse.

Je retombai dans mes réflexions. Il devenait évident pour moi que je n’avais jamais eu et que je ne pourrais jamais avoir d’influence réelle sur les futures destinées de ma jeune sœur. Elle aimait le