Page:Sand - Malgretout.djvu/241

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lactites qu’Elisabeth voulait me faire admirer comme des merveilles qui n’existaient nulle part ailleurs ; sur la foi des dévots de son village, elle voyait partout des représentations de l’enfer avec des monstres pétrifiés, ou des statues de madone placées là par la Providence pour nous protéger. Je la laissais dire et cherchais à me rendre compte des formes de ce monde souterrain qui n’est pas, comme on le croit dans la pays, l’ouvrage des eaux de la Lesse. C’est un craquement intérieur formidable où le torrent a trouvé passage et s’est laissé emporter par la pente, tournant les obstacles qu’il rencontrait, et se faisant large ou étroit, rapide ou morne, selon la disposition de son lit et de ses rives, se comportant enfin de la même façon qu’il se comporte à ciel découvert. Il n’y avait donc là rien de curieux ; mais ce monde souterrain s’est établi dans des proportions d’une majesté rare. Je pus m’en convaincre quand, nous dirigeant vers un bruit de voix et d’outils, nous arrivâmes à un endroit dont une vingtaine d’ouvriers déblayaient les sentiers. Ils avaient tous des torches, et, comme ils étaient disséminés sur plusieurs points, je n’eus pas besoin de les prier d’illuminer. Le paysage souterrain était éclairé à souhait.

Figurez-vous un ravin avec le torrent au fond, des blocs énormes jetés en désordre sur la croupe de collines aux versants rapides ; donnez pour cadre à ce vaste tableau des bases colossales de mon-