Page:Sand - Malgretout.djvu/244

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tir, mes appréhensions revinrent, et je lui demandai si elle connaissait toutes les personnes qui étaient dans la grotte.

— Certainement que je les connais, répondit-elle, c’est tous de braves gens ; mais, comme l’entrée n’est pas gardée en ce moment, il peut bien se faire que quelqu’un d’étranger soit entré derrière nous. Si vous avez peur, je vais demander à mon oncle, qui est par là, de nous conduire jusqu’au lac.

J’acceptai, et, après d’autres stations toujours plus intéressantes, nous arrivâmes au lac que forme la Lesse avant de sortir de sa prison. L’oncle d’Elisabeth nous confia au batelier qui stationne au rivage, et nous montâmes toutes deux dans la barque avec d’autres paysans qui devaient nous régaler du formidable coup de canon dont la détonation se prolonge à l’infini sous la voûte immense. À peine étions-nous installées pour partir, qu’on éteignit les torches ; nous nous trouvâmes ensevelies dans une obscurité absolue.

— Ne vous étonnez pas, me dit la jeune fille, et regardez devant vous, tout droit.

— Pourquoi n’avançons-nous pas ? lui demandai-je après quelques instants.

— Nous avançons, me dit-elle, et très-vite ; regardez ! vous le verrez bientôt.

En effet, un tout petit point bleu trouait comme un pâle saphir les ténèbres sans bornes. Le courant insensible nous poussait sans bruit vers cette lueur