Page:Sand - Malgretout.djvu/260

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bres délicats, que j’adore, et déchirer vos vêtements, qui me sont sacrés. Je ne penserais qu’à vous sauver, et mon étreinte furieuse serait aussi chaste que celle dont vous embrasseriez votre petite Sarah en pareille circonstance. Tenez, il faut en finir avec ces terreurs. On veut nous désunir : deux femmes ennemies, mademoiselle d’Ortosa, qui ne reculera devant aucune machination pour m’éloigner de votre famille, et votre sœur, moins habile, mais plus puissante sur vous ! Je sens bien, à chaque pensée qui vous trouble, à chaque parole qui vous échappe, que vous m’appartenez quand je suis là, mais que vous subissez une domination atroce quand je vous quitte. Vous n’avez pas la force nécessaire pour la briser. Il faut que j’aie cette force pour nous deux. J’ai voulu l’avoir, je l’ai, je l’aurai.

— Mais que voulez-vous donc ? lui dis-je : quel moyen avez-vous trouvé de me soustraire à l’influence de ma sœur ? Vous voulez me compromettre, m’ôter cette bonne réputation qui devrait faire votre orgueil, et qui est la seule dot que je puisse être fière de vous apporter ?

— Je veux vous enlever ! Que m’importe cette réputation qui est à moi à présent, et que ma passion légitime ne peut ternir ? Qui pourra vous l’ôter, qui pourra vous insulter dans mes bras ? Restez avec moi, écrivez à votre père de vous rejoindre, et ne rentrons en France que mariés.