Page:Sand - Malgretout.djvu/273

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médecin m’engagea à ne pas m’inquiéter ; pourtant il ne put me cacher qu’il était inquiet lui-même. Je la veillai toute la nuit. La pauvre petite se sentait mal et m’embrassait de ses lèvres brûlantes en me disant :

— Oui, j’ai mal, mais à présent tu vas me guérir, toi ! Dépêche-toi pour que nous allions nous promener en bateau.

Le lendemain, une angine se déclara ; nous fûmes fort effrayés. Le troisième jour, nous étions rassurés ; toutefois, l’enfant était fort affaiblie, et il fallait de grands soins pour combattre l’anémie menaçante.

Trois jours se passèrent donc sans que je pusse m’entretenir avec mon père ni songer à sonder les dispositions de ma sœur. Quand je commençai à respirer, comme mon excursion n’avait été incriminée par personne et qu’on paraissait ignorer la présence d’Abel dans les Ardennes, je jugeai devoir attendre, pour parler de notre rencontre, qu’il se présentât lui-même. La démarche officielle qu’il était résolu à faire était la meilleure explication et coupait court à tout reproche ; mais le quatrième jour s’écoula sans qu’Abel parût. Nous n’étions qu’au 20 avril ; Abel devait croire qu’il était encore trop tôt ; sans doute il s’était éloigné pour n’être pas tenté de me revoir seule. Il ignorait l’inquiétude que Sarah nous avait causée, l’impatience qui me dévorait. Je ne savais où lui écrire ; je n’osais parler de lui. Je n’en avais guère le temps, je ne