Page:Sand - Malgretout.djvu/280

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car jamais Adda ne s’était vantée à moi ni à personne de n’avoir pas de cœur, et elle s’était toujours trop respectée vis-à-vis de moi pour que je pusse dire si elle avait des sens ou n’en avait pas.

Comme j’entendais mademoiselle d’Ortosa monter l’escalier, je sortis vite pour qu’elle ne me trouvât pas avec les enfants. Rigide ou non dans ses mœurs, il me semblait qu’elle leur eût apporté l’atmosphère de la corruption sociale concentrée à sa plus fatale puissance, et j’obéissais machinalement à l’ordre du médecin qui m’avait dit : « Beaucoup d’air pur pour la petite malade. » Je la rencontrai sur le palier, et elle me demanda si je voulais bien la conduire dans ma chambre. Je n’hésitai pas, car, en la voyant en face, le courage me revint, et je me sentis résolue à lui tenir tête.

— Avant que vous me fassiez part de ce qui vous amène, lui dis-je en lui offrant un siège, il faut que vous sachiez que je viens d’entendre votre conversation avec ma sœur…

— Je l’espérais, reprit-elle vivement, et j’en suis aise ; mais, comme je ne veux pas qu’elle entende ce que nous avons à nous dire, permettez-moi de fermer les fenêtres et la double porte. — À présent, écoutez, ajouta-t-elle en venant s’asseoir près de moi devant ma table à écrire. J’ai voulu donner une leçon à la petite Adda. C’est fait. Elle n’essayera plus de se révolter. Ne me croyez