Page:Sand - Malgretout.djvu/320

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politique que je lisais des lèvres sans savoir ce que je lisais : On nous annonça lord Hosborn. C’était la première fois qu’il venait chez nous. Mon père s’empressa d’aller à sa rencontre. Le cœur me battit. Fallait-il se flatter qu’il venait nous parler de ma sœur ?

Embarrassée des deux enfants, je ne pus me lever quand il entra et je lui en demandai pardon.

— Restez ainsi, me dit-il de sa voix ferme, sans inflexion ; vous avez la parure qui vous sied, et je n’ai jamais vu rien de si beau que ce que je vois ici. Je n’ai jamais compris qu’une mère pût quitter ses enfants, même pour un jour…

Je lui fis signe de ne pas faire cette réflexion devant Sarah, qui le regardait avec ses grands yeux étonnés, et, la nourrice étant entrée, je lui fis emmener les enfants au jardin. Cela ne se fit pas sans peine, Sarah ne voyait jamais une figure nouvelle sans me serrer le bras bien fort avec ses petites mains, et, quand je voulais la tranquilliser, elle me disait : « Je ne veux pas qu’on l’emmène comme on emmène toujours ma petite maman. »

Enfin nous restâmes seuls avec lord Hosborn, et il reprit la parole avec la même froideur d’intonation.

— Je me disais, reprit-il, que madame de Rémonville, qui a de si beaux enfants, un si excellent père et une aussi adorable sœur, devait bien aimer le monde pour les quitter si facilement. Je ne m’en