Page:Sand - Malgretout.djvu/323

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Je voulus interrompre lord Hosborn pour l’engager à rentrer dans la question.

— Je n’en sors pas, dit-il. « Cette jeune fille ne cherche pas à être remarquée, elle désire au contraire passer inaperçue dans sa jolie petite robe grise qui ne déguise pas la grâce naturelle et irrésistible de sa personne. Elle fuit l’éclat et dédaigne nos faux plaisirs. Son âme est absorbée par les tendresses de la famille. Elle est instruite, artiste et poëte. Enfin, pour vous la peindre tout entière, j’ai un dernier trait à vous citer. Pendant que nous chantions et dansions ici, oubliant la pauvre mademoiselle d’Ortosa et craignant même un peu de penser à elle, miss Owen lui ouvrait le sanctuaire de sa charité et se faisait son médecin et sa garde-malade. C’est donc à cette personne angélique et vraiment supérieure que je songerais, si j’avais même un faible espoir d’être encouragé. »

Cette conclusion inattendue émut vivement mon père, qui serra la main de notre hôte sans pouvoir répondre, mais en m’invitant du regard à me prononcer.

Je n’hésitai pas un instant. Je tendis aussi la main à lord Hosborn en lui disant :

— J’apprécie l’honneur que vous me faites, et je suis touchée de l’estime que vous m’accordez. Nous vous garderons le secret de cette démarche, et, pour que vous en soyez certain, je vous livre le secret de ma vie. J’ai aimé une personne à laquelle