Page:Sand - Malgretout.djvu/331

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Il ne me restait plus qu’à empêcher le désespoir de l’enfant, qui voulait bien voyager, mais qui ne croyait pas possible de se séparer de moi. Je dus lui faire croire que je l’accompagnerais : sa mère ne voulut pas lui laisser cette illusion de la dernière heure. Elle fut véritablement cruelle ; sa seule excuse, c’est qu’elle était jalouse de l’amour de l’enfant pour moi.

Pour ne pas entendre les cris de ma Sarah, je m’enfuis dans la montagne, mais après avoir fait jurer à mon père qu’il accompagnerait ma sœur jusqu’à Paris et ne la quitterait que quand il l’aurait vue installée. Je savais que, si Sarah était malade, Adda perdrait la tête tout de suite et me rappellerait. Mon pauvre père était bien malheureux aussi de cette séparation et plus inquiet encore pour moi, qu’il laissait la plus brisée.

— Comptez sur mon courage, lui dis-je, j’en ai toujours eu, j’en aurai toujours ; je n’oublierai pas que vous me restez.

J’étais donc seule, et seule pour jamais ! Je marchai longtemps dans les bois, j’avais couru bien loin, j’avais bouché mes oreilles pour que l’écho ne m’apportât pas un son lointain des sanglots de mon enfant. Je l’aimais tant ! je l’avais élevée avec tant de peine ! J’avais recommencé pour elle, mais avec plus de lumière et de persévérance, les soins qu’enfant moi-même j’avais eus pour sa mère enfant, et je ne la verrais plus !… à moins que sa vie